Certain prestataires occasionnels confondent parfois les deux concepts : celui de l’architecture de l’information et celui de la conception du système de navigation d’un site web. Bien qu’il soit vrai que ces concepts soient apparentés et que l’architecture de l’information élabore les fondations de la conception de la navigation d’un site web, ce sont deux entités différentes. En effet, l’architecture de l’information s’étend bien au-delà de la navigation de sites web. Dans un article paru sur UXmatters intitulé Élaborer la pratique de l’architecture de l’information, Nathaniel Davis compare la navigation de sites internet à la partie émergée de l’iceberg qui est juchée au sommet de l’architecture de l’information du site.
L’architecture de l’information d’un site comporte deux grands volets, à savoir l’identification et la définition du contenu du site/de sa fonctionnalité, l’organisation, la structure et la nomenclature qui définissent les liens entre le contenu du site et sa fonctionnalité.
L’architecture de l’information (AI) ne fait pas partie de l’interface utilisateur à l’écran – au contraire, l’AI élabore les fondations de l’interface. Elle est consignée dans des tableurs et des diagrammes et non dans des maquettes fil de fer, des mises en page ou des prototypes.
Bien que l’architecture de l’information ne soit pas visible dans l’interface, elle a clairement un impact sur l’expérience utilisateur. Selon la définition de ce dernier, l’expérience utilisateur totale est le fruit de tout ce que les utilisateurs rencontrent, autrement dit, l’expérience bonne ou mauvaise qu’un visiteur va faire sur votre site. Et même s’ils ne voient pas la structure du site, il est à espérer qu’ils aient l’impression que le contenu soit organisé et connecté de manière à répondre à leurs besoins et à leurs attentes. Bien sûr, les utilisateurs quittent un site jugeant que son contenu/ses fonctionnalités ne sont pas ce qu’ils recherchent ou qu’ilséprouvent un désagrément à cause de la mauvaise organisation, structure et/ou nomenclature. Un développeur doit penser la conception avant de se lancer dans la création du code.
Si l’on suit cette analogie, à moins que vous ne soyez Superman ou un radiologue, vous ne voyez pas le squelette lorsque vous regardez un cheval ou un poulet, mais ce squelette fait de ces animaux des créatures néanmoins très différentes. N’essayez pas de monter sur le poulet car son squelette ne vous supportera pas ! C’est pareil pour créer un site internet, selon la thématique (le genre d’animal ici), l’architecture doit être vu différemment par l’agence web.
Les initiatives entreprises à la définition d’une architecture de l’information comprennent :
La navigation de sites web est un ensemble de composants d’interface utilisateur. L’objectif premier de la navigation est de permettre aux utilisateurs d’accéder aux informations et à une fonctionnalité en peu de clics et de façon optimisée. Les composants de la navigation incluent la navigation globale, la navigation locale, la navigation utilitaire, le fil d’Ariane (ou piste de navigation), les filtres, la navigation à facettes, les liens connexes, les pieds de page.
Exemples de composants de navigation : 1) navigation utilitaire ; 2) navigation globale ; 3) piste de navigation (ou fil d’Ariane) ; 4) navigation locale ; 5) liens connexes (dans ce cas, articles et posts de blogs) ; 6) le gros pied de page. (http://www.sba.gov/)
Pour chaque élément de navigation, une série de décisions doit être prise :
Préférence d’utilisation: à quel point les utilisateurs dépendront-ils de ce composant de navigation ? Par exemple, est-ce qu’ils navigueront essentiellement sur le site en utilisant la navigation locale ? Ou est-ce qu’ils s’appuieront davantage sur les liens connexes ?
Mise en place : sur quelles pages devrait-on voir le composant ? Où devrait-il figurer dans la grille de mise en page ? (par ex : en haut, à gauche, à droite, en bas)
Type : quel type de navigation joint au mieux repérabilité et accessibilité – les onglets, les méga menus, le slideshow, les menus accordéons ou déroulants (de même que d’autres options) ?
Tout cela doit être défini dans votre cahier des charges quand vous demandez un devis. Si vous ne l’avez pas pensé de la sorte, le prestataire devrait alors se pencher rapidement sur la question pour évaluer le temps de travail et le prix du site, puis devra passer quelques jours sur la conception pour répondre à ces questions. Certes, c’est du temps, et un porteur de projet est souvent pressé, mais c’est aussi une question de réussite de votre activité…
Lorsque les concepteurs créent un nouveau site, peuvent-ils ignorer l’AI et se concentrer uniquement sur la navigation ? La réponse est non : c’est inefficace et même dangereux de faire cela. La navigation qui ne tient pas compte adéquatement de l’ampleur du contenu et de la fonctionnalité d’un site peut s’avérer lourde de conséquences. Par exemple, supposons qu’une équipe web chargée de la conception décide d’utiliser une navigation de style typique, le L inversé (une barre de navigation qui apparaît en haut de page et à gauche) car ils aiment cette présentation. Ce type de navigation peut accepter des sites ne faisant pas plus de 4 catégories. Malheureusement, plus tard dans le projet, elle fait l’inventaire du site et découvre que de nombreuses sections couvriront plus de quatre catégories. Elle doit désormais, soit revenir en arrière et créer une nouvelle structure de navigation ou essayer d’entasser tout le contenu dans les quatre volets.
En abordant un projet de conception ou un projet de restructuration, il est important de jeter un œil sous le capot et de commencer à cerner ou redéfinir l’architecture de l’information. Cette dernière n’a pas à être définitive avant d’entreprendre une maquette fil de fer (ou un maquettage wireframe) et un prototypage mais un premier essai est nécessaire pour avoir une idée du volume et de la complexité du contenu. Choisir un composant de navigation uniquement en fonction de sa représentation peut vous obliger à modifier une architecture de l’information idéale en quelque chose qui ne satisfait pas mieux les besoins des utilisateurs ou qui ne s’adapte pas à votre contenu.
En conclusion, beaucoup de porteurs de projets arrêtent leur activité dans les 2 ans, car ils n’ont généralement pas permis à l’agence de leur choix de prendre le temps pour faire une conception affinée. Soit il n’y a pas assez d’argent pour payer 1 mois de travail supplémentaire, soit des réponses à des appels d’offres affichent des prix de moins de 3 000 € pour un projet qui en vaudrait plus de 15 000 – et par conséquent le chant des sirènes amène le client à choisir le moins cher. Sauf qu’à la sortie, le travail est différent (impossible de passer le même temps de travail pour 5 fois moins de facturation, c’est logique…), et c’est votre outil de travail qui va planter votre activité sur le web. Parfois, le client est pressé, il veut tout en 1 mois maximum, sauf que créer un site de façon approfondie peut demander plusieurs mois selon vos objectifs ! En définitive, il ne faut pas sous estimer la conception d’un site et n’y consacrant pas le budget ni le temps.